Présentation

La nouvelle exposition « Les rescapés de la Shoah: Courage, Volonté, Vie » présenté par Alain Husson-Dumoutier, qui a lieu à la Salle des Pas Perdus « salle magique », au Palais des Nations Unies à Genève du 2 septembre au 28 septembre 2016. Click here

 

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 Exposition à l’UNESCO à Paris du 24 janvier au 7 février 2014

ALAIN HUSSON-DUMOUTIER :

 

 « J’ai souhaité faire une œuvre historique symbolique à travers l’Art , comme Guernica l’est pour la guerre d’Espagne ».

 

L’exposition à l’UNESCO  de ce peintre  brillant aura pour thème « Les Rescapés de la Shoah ,courage ,volonté, vie » à travers 35 tableaux réalisés à partir d’entretiens.

Alain Husson-Dumoutier est une énigme. Il est partout à la fois! A 23 ans, alors qu’il prépare un doctorat de sociologie avec Raymond Aron, il bénéficie d’une bourse Max Lazard qui va lui permettre de faire une extraordinaire enquête sur des problèmes raciaux. Et pour cela il n’hésite à aller interviewer  tous les  responsables de ce sujet. Et les plus grands ! De John Kennedy à Malcom X en passant par le maire de Birmingham en Alabama ou des chefs de groupes racistes aux Etats-Unis,  il les rencontre tous. Mais ce n’est pas sa seule activité. Il poursuit parallèlement ses études. Et pas n’importe lesquelles! Il est diplômé de l’ESC Lille et de Sciences-Po! Il entame une carrière financière dans une grande banque d’affaires, puis on le retrouve expert financier près de la cour d’appel de Paris et la Chambre de Commerce internationale. Vous avez compris: Alain Husson-Dumoutier est insaisissable! Il jongle d’un domaine à l’autre. Voila pourquoi ce touche à tout génial suscite l’admiration et la curiosité. Car il brille aujourd’hui dans un domaine inattendu et incroyable. On n’en revient pas encore: dans la peinture! Pourquoi tant de succès universitaires pour échouer finalement dans un domaine qui n’en réclame aucun? Alain Husson-Dumoutier finira par nous l’avouer son secret, à voix basse, un peu gêné de se confier: « Je suis né pour la peinture et toutes mes études n’étaient en fait que des dérivatifs à ma vraie vocation Incroyable!». Et plus incroyable encore ce qu’il est aujourd’hui: artiste de l’UNESCO pour la paix en 1999, élevé au grade de Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres la même année! Ou s’arrêtera-t-il? « Tout me passionne dit-il. La passion m’habite. Je prends à cœur tout ce que je vis, je vois ou je touche! » dit-il avec ce sourire ravageur d’un éternel jeune séducteur malgré ses 70 ans passés ! Une passion qu’il n’a pu assouvir qu’au prix de grands sacrifices. « Et en dormant peu » insiste-t-il. Pour cet artiste atypique et érudit,  la peinture est une façon de vivre et surtout de dialoguer.

Qu’est-ce que vous fait courir ?

 « On ne peut échapper à son destin, mais on peut le forger. Travailler est le maitre mot. Travailler ! Descartes nous demande de ne croire que ce que l’on peut vérifier par soi même. Il faut  donc comprendre  en cherchant. Comme tout être, un artiste doit savoir écouter, interpréter, aimer les autres et les respecter, car  très vite on s’aperçoit  que tout est relatif , rien n’est absolu  et  que  l’intelligence n’a ni sexe ni âge ni race. »

Comment une telle métamorphose a-t-elle pu avoir lieu ? 

Tout a commencé par une histoire étonnante. Un jour de l’an 2000, le  nouveau Secrétaire général de l’UNESCO, Monsieur Koïchiro  Matsuura,  se demande pourquoi les occidentaux monothéistes se déchirent depuis des siècles pour le même Dieu. Certes ce n’est pas le même Dieu pour les juifs, les chrétiens et les musulmans. Disons qu’il n’a pas les mêmes caractéristiques, et les livres sacrés, la Thora, les Evangiles et le Coran sont là pour nous le prouver. « Alors pourquoi ne feriez vous pas un travail sur ce sujet puisque vous êtes à la fois figuratif et abstrait? »  Le défi était d’importance et cinq années ont été nécessaires pour parvenir à quelques 600 tableaux.

D’où vous vient cette passion pour les religions ?

Vers 20 ans, j’ai voyagé dans le monde entier pour découvrir à la fois l’Art et les société humaines. Catholique romain à l’origine j’ai trouvé que les religions construisaient l’histoire, la géographie et surtout le temps. Ce n’est pas original et lire les philosophes pourrait suffire, mais voir de ses yeux des miracles à Bénarès, des pèlerinages à Jérusalem, des rues encombrées de croyants le vendredi à Alexandrie, des temples vides dans le Yucatan ,fait réfléchir. Comment ? Pourquoi ?

Cette exposition sur les rescapés de la Shoah c’est finalement le produit de ces réflexions ?

 C’est la découverte à la fois d’une ignominie et d’un miracle. L’ignominie se trouve dans la trahison du texte de la Torah et des Evangiles sur l’Amour du prochain. Un jour, je suis tombé sur une phrase inouïe de Mein Kampf   «Quand je poursuis les Juifs, je fais l’œuvre du Seigneur ». Autrement dit «plus vous tuerez de juifs plus vous ferez plaisir au  Seigneur » ! C’est complètement fou. Mais c’est peut-être à travers cette phrase qu’on peut comprendre comment une population pourtant chrétienne a pu tolérer, obéir aux ordres du Führer,  accepter et surtout  pour certains, aller jusqu’à commettre les horreurs de la « solution finale ».

Le miracle, en revanche, est  évident dans le retour des rescapés des camps de la mort et leur existence après. J’ai souhaité leur rendre hommage car ils  ont eu le courage et la volonté de vivre. Ils étaient encore des enfants ou des adolescents, ils étaient, malades, faibles isolés, leurs parents étaient disparus et ils avaient quitté l’école… Et pourtant ils sont devenus avocats, médecins, chefs d’entreprise et ils ont créé des familles… Ce miracle, qu’ils croient ou non en Dieu, ils l’ont ainsi construit par eux mêmes en prouvant que les ressources humaines sont à la fois intérieures et infinies. Ils sont surtout des exemples pour l’humanité entière.

Comment avez-vous pu rencontrer ces 35 Rescapés ?

N’étant pas Juif, je croyais à tort qu’ il n’était pas facile de les interroger, au contraire. Après une première surprise, et voyant que mon travail était destiné aux générations futures ils ont pour la plupart témoigné avec bienveillance et me recommandaient entre eux pour m’aider dans mon travail.

 Quel est le but ?

 Les tableaux sont nés après les rencontres. Ils doivent être signifiants et  surtout respectueux de ce qu’ils ont dit. A travers cette exposition j’ai tenté d’atteindre trois objectifs:  tout d’abord maintenir la mémoire du parcours « de ces gens ordinaires à qui il est arrivé quelque chose d’extraordinaire» comme le disait formidablement bien un des rescapés: Sam Braun. Ensuite, faire Œuvre historique  et symbolique à travers l’Art, comme l’a été le magnifique tableau de Picasso « Guernica » mondialement connu, et dont le seul nom aujourd’hui évoque la guerre d’Espagne. Réalisé en 1937, ce tableau a été inspiré par le bombardement de l’aviation allemande de la petite ville basque de Guernica. A lui seul il symbolise l’horreur des conflits par les formes incroyables qui soulignent la cruauté humaine. C’est cela la puissance d’un tableau. Laisser un souvenir indélébile à travers des traits et des couleurs. Pénétrer dans l’esprit par l’émotion et y rester. C’est ce que je souhaite réaliser avec ces 35 peintures : qu’elles laissent un souvenir inoubliable sur l’intelligence mise au service de la barbarie, car pour la première fois on a construit des usines de la mort comme des usines d’automobiles.

Enfin , montrer  aux jeunes générations que leur destin est entre leurs mains . Je souhaite montrer la fabuleuse force intérieure de l’homme et de la femme  qui peut supplanter toutes les souffrances et tous les handicaps.

Je redoute que dans 50 ans, la Shoah puisse être oubliée pour certains.  J’essaie de contribuer à sa mémoire pour qu’elle demeure, et qu’elle reste à jamais ancrée dans l’esprit du monde . J’ai  travaillé pendant 7 ans  de toutes mes forces pour que ces 35 tableaux –  inséparables ! – deviennent  une œuvre de référence, une œuvre contre l’oubli….. Ils seront donnés à une fondation, à charge pour elle de la montrer à tous les jeunes du monde.

En fait, c’est un témoignage que vous voulez laisser ? 

Oui. Un témoignage qui vient du fond du cœur. Du fond de ma passion. Car j’ai nettement l’impression, aujourd’hui,  que je suis né  aussi pour témoigner du plus grand génocide industriel que l’humanité ait jamais perpétré, à travers ces tableaux qui sont tous accompagnés des entretiens directs auprès des survivants. Et pourtant à nous de comprendre que l’homme peut construire son destin malgré tout.

Je pense que la Paix est une construction comme l’Amour qui en est son corollaire. Le préambule de l’UNESCO souligne que les guerres naissent dans les esprits des hommes, par conséquent  la Paix également. Avoir l’Art comme guide de pensée est à la fois un devoir et une joie et réfléchissez , l’Art n’a jamais occasionné de guerre.

Le message de la plupart de  ces rescapés est d’aimer la vie dans sa diversité et ses profusions, sa splendeur et ses cadeaux.  Pour être heureux, désirer ce que l’on a pour devenir ce que l’on souhaite.  

Propos recueillis par ALAIN  CHOUFFAN

 



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